Après avoir montré aux élèves quelques exemples issus de l’histoire de la peinture ancienne, classique et moderne, il leur a été demandé de trouver divers moyens de mettre en valeur une couleur par la peinture.
On a vu quelques-uns de ces moyens et l’on a défini trois principaux critères à respecter :
1. La feuille devra ne pas laisser apparaître de blanc du papier, (sauf exception, lorsque cela aura été voulu par l’élève pour mettre en valeur une couleur) ;
2. Il faudra le plus possible créer des mélanges de couleurs et non pas se contenter des couleurs pures de tubes.
3. Il faudra ne pas se contenter de poser une seule couleur sur un fond, mais faire jouer entre elles plusieurs couleurs, soit en les recouvrant, soit en les faisant coexister latéralement.
La manière d’appliquer la couleur, la matière de la peinture, (coulures, diffusion, aplats, empâtements, textures…) pourront jouer, mais seront des critères secondaires.
Dans l’ensemble, malgré une difficulté à se concentrer, les classes ont pu parfois bien travailler. Il faut dire que chaque élève pouvait exécuter plusieurs petites peintures de la taille d’une carte postale, ce qui finissait par faire entrer certains dans une sorte d’entrainement, une forme d’aisance prise dans la pratique.
Les peintures sont pour finir assez sensibles, soit aux jeux des couleurs, que souvent l’élève manipule sans les voir, soit par des manières de peindre, épaisses, fluides, souples ou franches qui dépasse heureusement notre capacité à verbaliser à leur sujet (puisque c’est là justement le but de la peinture, trouver un mode d’expression et de langage par delà le langage verbal !). Rien n’interdit toutefois de comparer avec des mots appropriés les tempéraments, les effets, les saveurs, les échos, les airs de famille, les lumières qui surgissent sans crier gare. Et de la lumière, on passe incidemment à l’espace, car une lumière dévoile ou éclaire un espace. Ou bien une infinie poésie vivante se presse là, montrant tant de vie intérieure renfermée dans ces jeunes êtres (habituellement tournés vers un écran qui les assigne à l’inexpressivité) mais qui une fois n’est pas coutume, ici se libère.
Certains élèves ont eu une pratique hors de l’école et s’en servent, mais d’autres manifestent des capacités remarquables sans formation particulière.
Le "Caïros" est ce dieux grec, au crâne presqu’entièrement chauve à part une longue mèche au front qu’il faut attraper au vol, comme une façon de saisir l’occasion qui, si l’on ne l’attrape pas, s’échappe définitivement. La peinture – comme la pédagogie – se doit d’attraper au vol la mèche du Caïros, du bout du pinceau, dans l’instant de la relation à ce qui se vit.
Cela est la théorie, la réalité est souvent moins réussie. Sauf que des traces restent qui montrent que cette fois-là pour certains, on n’était passé pas loin, ou bien on l’avait bel et bien saisie, cette occasion de bonheur.