Création du nouveau logo du collège Paul Eluard de Châtillon

vendredi 19 octobre 2018 , par Joël Auxenfans

Nous travaillons cette année en relation avec Cittadellarte-fondazione Pistoletto http://www.cittadellarte.it/, située à Biella en Italie. C’est un lieu artistique et pluridisciplinaire créé par l’artiste italien et international, co fondateur de l’Arte povera, Michelangelo Pistoletto. L’intérêt pour les élèves est de situer la création artistique à l’échelle de l’art contemporain et de ses enjeux éthiques aujourd’hui.

À l’heure où l’art, en particulier contemporain, passe pour être une niche fiscale qui sert de valorisation d’image pour grands spéculateurs champions de l’évitement de l’impôt (voir les travaux des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2009-2-page-67.htm et Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, « Tentative d’évasion (fiscale) ». La Découverte 2015), il est intéressant pour des élèves de voir que l’artiste aujourd’hui peut au contraire placer son travail sous l’égide de l’action dans la société pour contribuer à inventer un monde moins destructeur et plus harmonieux.

C’est le sens du signe du Troisième paradis, créé par Michelangelo Pistoletto, qui ressemble au signe infini mais avec une boucle centrale, plus grande au centre https://www.louvre.fr/expositions/michelangelo-pistoletto-annee-1-le-paradis-sur-terre. A gauche, l’artiste place le premier paradis, celui de la nature telle que les hommes l’affrontèrent et la subirent alors qu’ils étaient à l’état technique peu développé. À droite, la boucle du deuxième paradis, qui est l’ensemble des techniques et technologies que les hommes ont inventées pour survivre et progresser, mais qui actuellement menace la survie et la biodiversité sur la terre. Le troisième paradis, au centre, est l’exigence de responsabilité et d’éthique que chacun de nous peut mettre dans sa vie quotidienne et ses projets pour employer les techniques nouvelles avec mesure et sans détruire la planète.

Comme le présent logo du collège a été créé par mes classes au terme d’un travail de fond il y a dix ans, et qu’il demanderait à être reformulé et actualisé, cette dimension de responsabilité partagée, très éducative pour les élèves, est placée au centre du projet de création du nouveau logo, en plaçant la contrainte de devoir utiliser d’une manière ou d’une autre le signe du troisième paradis dans le nouveau logo du collège Paul Eluard de Châtillon. La fondation Cittadellarte a été informée de cette expérience et a donné son accord pour l’emploi du signe du Troisième paradis, libre de droits, comme support pédagogique.

On a présenté aux élèves les principaux critères du travail sur le logo :
Visibilité, impact
Reproductibilité sur divers supports et à diverses échelles
Valorisation et représentation du collège
Qualité de réinterprétation du signe du Troisème paradis.

On a montré, à titre d’exemple, des logos célèbres, comme ceux de Nike, Addidas, Crédit Agricole, Total, Shell, Chanel, etc… Mais précisément, cette éducation visuelle a permis de découvrir que le collège n’est pas une marque de chaussure de sport, ni une banque, ni une multinationale du pétrole… Un collège est une institution au service de l’épanouissement de tous les élèves dans leur diversité, vers une compréhension active et universaliste de la diversité des champs disciplinaires pour devenir des citoyens ouverts et acteurs de leur société. Cet idéal, le logo a pour mission de le traduire de manière synthétique et évidente, dans l’espace public.

Le travail de création du logo du collège, qui s’est déroulé en plusieurs phases, une de recherches et l’autre d’aboutissement, a montré la créativité des élèves qui seront donc l’objet d’une demande pédagogique tout au long de l’année formulée ainsi : comment trouver les formes et les modalités de la création d’un monde à venir, moins destructeur de la planète et des humains, cultivant les différences tout en réduisant les distances et les haines entre les gens.

Lorsqu’on voit la richesse des propositions d’élèves, on peut être séduit et tenter de ne pas choisir pour laisser le flux de visuels représenter le collège. Mais c’est oublier que le choix d’un logo participe d’une économie de signes, et qu’il y a des critères subjectifs et objectifs, mais rationnels, qui peuvent permettre de retenir parmi un choix les meilleures propositions, puis la plus opérante, toujours en fonction d’arguments explicites. Ainsi les arts visuels participent de l’espace du discours, de l’échange, de l’agora, entre citoyens éclairés et respectueux de l’avis de l’autre, pour décider de ce qui convient le mieux pour représenter le collège Paul Eluard.
Un document sera produit pour aider à ce choix.

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