Pour contraster les sources d’inspiration après "TV Lobotomie", les élèves ont été projetés dans l’univers du conte, mais un conte revisité à l’époque contemporaine par le cinéaste français Jacques Demy, et son film "Peau d’âne" (1970).
L’intrigue, si l’on peut dire, est construite autour de l’interdit social de l’inceste. Une jeune princesse, jouée par Catherine Deneuve, apprend à la suite du décès de sa mère, que le roi son père, passé le moment du deuil, est tombé amoureux d’elle et veut l’épouser.
Suivant les conseils de la "fée des lilas", elle va trouver des ressources pour accumuler des obstacles entre elle et le désir de son père, y compris en changeant du tout au tout son apparence, sa réputation et sa condition sociale.
C’est alors qu’elle se trouvera sur le chemin d’un jeune prince étranger, qui deviendra son époux au travers d’une suite de péripéties ingénieuses. Et ainsi chacun trouvera sa place, le roi sont père, se remariant avec la fée des lilas...
Il a été demandé alors aux élèves de se représenter eux-mêmes en peinture comme dans un conte en couleurs, d’une manière qui soit la plus inattendue possible par rapport à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et qu’ils pensent que les autres ont d’eux-mêmes.
Cette façon de rejouer l’écart d’identité qu’a délibérément joué Peau d’âne, pourrait bien aider les élèves à utiliser l’art comme moyen de sortir d’une image déterminée qu’ils ont ou que les autres ont d’eux-mêmes, et ainsi, ouvrir les choix dans leur projet d’existence.
La production, pour ne pas dire la prolixité, de certains élèves à répondre à ce thème éclaire assez bien sur le rôle émancipateur de l’art dans l’esprit humain. Certains élèves ont ainsi produit de fort belles peintures ainsi que des esquisses et recherches qui étaient demandées, souvent très réussies elles-aussi.
Mais il y aussi un bon nombre d’élèves pour qui cet exercice d’ouverture des possibles à travers ce qui leur paraissait le plus improbable pour eux, devient un moment d’énonciation fort de leur personnalité et des tensions qui l’habitent, entre aspirations, plafond de verre et étiquetage négatif incorporé depuis la petite enfance par le regard des autres, parents, écoles, camarades de classe, société, etc...