Un point déterminant, bien que juste évoqué en ellipse, dans le film "La solitude du coureur de fond" déjà travaillé par les élèves, était la maladie (professionnelle) du père du personnage principal, Smith (nom propre très répandu en Angleterre qui montre que le film concerne n’importe qui). Silicose (à partir de la silice), Asbestose (à partir des poussières d’amiante), ou d’un autre nom possible, la maladie professionnelle non reconnue comme telle du père de Smith nourrit la révolte de ce dernier et sa volonté de créer son propre parcours, avec les autres jeunes de sa condition.
À partir d’extraits du livre d’Annie Thiebaut-Mony "La science asservie, Santé publique, les collusions mortifères entre industriels et chercheurs", aux éditions La Découverte 2014, et du film documentaire "Pesticides mon amour" (2010), film de d’Erik Fretel, sur une idée de l’Association Faune et Flore de l’Orne, les élèves ont pris connaissance de l’omniprésence invisible de multiples poisons utilisés dans les espaces verts de nos villes, en plus de ceux employés dans l’agriculture chimique pour l’alimentation industrielle des populations.
La question qui était posée était, à partir de cette connaissance plus précise, donner à voir, "rendre visible" cette présence invisible qui nous empoisonne à petit feu autant que la biodiversité et les ressources telles que l’eau, l’air, la terre.
Il ne s’agissait pas d’une production d’affiche ou de signal didactique ou de conviction, mais plutôt de rendre visible l’invisible, ce qui a toujours été le rôle de l’art, mais en jouant cette fois sur un invisible très prosaïque, à savoir les poisons industriels qui sont commercialisés allègrement à échelle de masse malgré leur dangerosité et utilisés dans la plupart des lieux publics et privés.
Cette réflexion et cette expression pouvait aussi aborder d’autre types d’ "expositions" auxquelles les personnes, les sociétés humaines et la nature sont soumises de manière croissante depuis des décennies, à savoir les rayonnements nucléaires, les ondes électro magnétiques, les produits chimiques, solvants, détergents, les particules fines, etc.
Pas plus tard que le jour de la rédaction de cet article, une confirmation de l’ampleur et l’invisibilité de ces phénomènes de toxicité sur les mères, les embryons, les salariés placés à certains portes de travail, les riverains de certains épandages agricoles, etc., était rendue public par la station de radio France Info (visible sur le lien suivant : http://www.franceinfo.fr/vie-quotidienne/environnement/article/les-malformations-genitales-des-garcons-expliquees-par-les-polluants-688580 ).
Les élèves ont eu l’occasion de développer leurs moyens d’expression personnels au travers de solutions visuelles et de partis-pris plastiques aussi beaux que vrais, et vice -versa.
Rendre visible l’invisible (poison)
Mosaïque Production des élèves Arts Plastiques
vendredi 5 juin 2015 , par
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