Les élèves de 3è4 racontent l’histoire de Gérard Marcovitz

Travail réalisé en cours d’histoire à la suite de la rencontre avec ce témoin de la Seconde Guerre mondiale

Les élèves de 3ème 4 ont mis par écrit ce qu’ils ont retenu du témoignage de M. Marcovitz et ce qu’ils ont ressenti à son écoute. M. Marcovitz est le troisième témoin du passé que les élèves de la 3ème 4 ont eu le privilège de rencontrer.

Troisième

samedi 20 février 2010 , par Marianne Finaltéri

Vendredi 6 février, nous avons reçu la visite d’un ancien enfant caché pendant la Seconde Guerre mondiale, M. Marcovitz. (Maryse)
M. Marcovitz est né en 1938 et a aujourd’hui 70 ans. Avant l’arrestation et la déportation de sa famille, il a vécu une enfance heureuse jusqu’en octobre 1943. Il passait les étés dans la Loire. Il habitait dans un pavillon de la banlieue parisienne [1] avec ses parents, sa sœur, Irène, et sa grand-mère. Il est juif. Ses parents étaient d’origine roumaine et l’ont fait baptiser catholique. Le 4 octobre 1943, c’est à ce moment là que sa vie et celle de toute sa famille bascule. Il n’avait que 5 ans et demi. La police française débarque chez eux à 7h-8h du matin. Sa famille a été dénoncée par quelqu’un et on ne sait pas par qui. Il entend du bruit. Sa mère lui dit de ne pas regarder par la fenêtre. Mais bien sûr, il regarde et aperçoit des policiers français sortir d’une camionnette bâchée. Toute la famille obéit et monte dans la camionnette avec des gardes tout autour. Il était assis à côté d’Irène. Puis un policier leur demande de descendre de la camionnette.(Amelle)
Son père a sauvé la vie de ses enfants en corrompant l’agent venu les arrêter. Et Gérard et sa sœur sont allés vivre quelques temps chez leurs voisins. (Juliette)
Quand il a été arrêté avec sa famille, les voisins ne voulaient pas les enfants trop longtemps car ils étaient juifs. (Kevin M.)
Après trois semaines, il a été emmené dans une sorte d’internat [2] à Vaucresson et sa sœur Irène dans un couvent à Pontoise. A Vaucresson, M. Marcovitz mange mal, attrape la galle, est maltraité par les autres enfants. Et durant les week-ends, pendant que les autres enfants attendent leurs parents, lui n’attend personne. Il est malheureux. (Ibrahima)
Sa vie d’enfant caché était également ponctuée par des descentes dans les caves (plus de trois fois par semaine) afin d’éviter les bombardements. (Maryse)
Pendant que les jours, les mois défilaient, il n’avait aucune idée de l’endroit où pouvait se trouver ses parents. (Kamel)
Puis enfin, un soir, des soldats américains sont venus annoncer la libération de leur ville. Ils leur ont donné des chewing-gums et il y a eu un repas de fête. (Juliette)

Le 31 octobre 1943, sa mère, son père et sa grand-mère sont déportés à Auschwitz par le convoi n°61. Sa grand-mère qui avait 70 ans a été gazée dès son arrivée, et sa mère (36 ans), elle aussi car elle ne voulait pas laisser sa mère seule. Son père, lui, avait 37 ans. Il est allé dans un commando pour y travailler en tant que métallurgiste. Le 18 janvier 1945 (10 jours avant la libération d’Auschwitz), son père a participé aux « Marches de la Mort ». Il est arrivé en avril à Mauthausen. Son père décéda à l’aube du 5 mai 1945 par épuisement. (Amelle)
Son père, avant de mourir, a travaillé dans une usine où il devait faire 3 km aller et 3 km retour. (Johan)

En juillet 1945, Gérard Marcovitz quitte l’institution pour aller dans une famille d’accueil où il retrouvera sa sœur. Ils y sont restés et ont été adoptés. Ils ont reçu une éducation catholique. Ils n’ont quitté leur famille que pour se marier. (Eva)
Il s’est marié en 1967 avec une jeune fille de Gap. Sa belle-mère était une Juste. (Amelle)
Quand il a fait ses études, il est tombé sur un docteur [3] qui le prédestinait au commerce car il était juif [4]. Il s’est donc battu pour faire le métier qu’il voulait et est devenu Juge pour Enfants et a travaillé dans une maison d’édition de manuels scolaires. Il est maintenant à la retraite. (Juliette)
Sa sœur Irène décède à 51 ans d’une crise cardiaque, en 1985. (Liliane)
Aujourd’hui, Gérard Marcovitz a 3 enfants et 4 petits-enfants. (François)

Il a fêté les 100 ans de la femme qui les avait accueillis avec sa sœur, l’année dernière. Il a décidé de témoigner son histoire pour que les générations futures apprennent à lutter contre le racisme et l’antisémitisme. (Eva).

Aujourd’hui, il souffre encore mais a réussi à se construire un vie et ne veut pas être considéré comme une victime. Il raconte sa vie d’enfant caché et celle de sa famille pendant la Seconde Guerre mondiale pour témoigner, rendre hommage aux justes et pour ne pas oublier cette période tragique de l’histoire : c’est pour lui un « Travail de Mémoire » indispensable. (Maryse)
Il décide de témoigner de son histoire car il en souffre encore et il dit qu’il ne faut pas oublier de rendre hommage à tous les Justes car, grâce à eux, de nombreuses personnes ont pu vivre dans cette horrible période. (Amelle)
Il dit que son père aurait aimé savoir si ses enfants étaient encore en vie. (Ibrahima)
Ce témoignage est précieux car il donne un exemple concret du vécu des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale et je remercie M. Marcovitz pour son témoignage. (Juliette)



[1à Asnière

[2il s’agit une pouponnière où allait pour les vacances les enfants des ouvriers des usines Renault

[3il s’agissait d’un conseiller d’orientation psychologue sensé l’aider dans la poursuite de ses études

[4sur le rapport qu’il lui a remis, le médecin avec écrit : "ATAVISME RACIAL, PREDISPOSANT LE SUJET AUX CARRIERES DU COMMERCE"

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